On n’oublie pas son passé mais on doit inventer notre futur. Christchurch, qui est la capitale de l’île du sud de la Nouvelle-Zélande, est un lieu idéal à visiter pour ceux qui s’identifient à cette maxime. Se libérer du poids du passé, être prêt à regarder l’avenir en face. Christchurch, avec les tremblements de terre de 2011, a connu tout ça, et représente donc un espace propice à ce type de réflexion. C’est une ville suspendue dans le temps: elle ne sera plus jamais comme avant, mais dans quelques années, elle ne sera plus comme elle est maintenant. Petit tout d’horizon que que ce que vous pourrez découvrir à Christchurch lors de votre voyage en Nouvelle-Zélande.
Avec la catastrophe, et les difficultés de la reconstruction, c’est toute une ville qui a été traumatisée. Mais en même temps, une énergie nouvelle et particulière, folle, s’est mise à circuler à travers la ville. Car avec le désastre, les gens se sont aperçus qu’ils étaient très attachés à Christchurch. Depuis, ils s’évertuent chaque jour à en faire quelque chose de beau, puissant, serein. Alors ils plantent de beaux végétaux, ils peignent, ils rendent l’art gratuit et accessible partout, conçoivent des installations urbaines audacieuses…Et accueillent à bras ouverts les étrangers, résidents permanents comme touristes, à l’image d’une ville ouverte sur le monde comme jamais.
Les Musées
Tous les musées sont gratuits en ville. TOUS! Et ce n’est pas pour autant qu’ils sont cheap! Ils renferment une tonne de connaissances passionnantes et de pièces uniques! Le musée le plus complet est sans doute le Canterbury Museum, qui offre un large panel de collections et de recherches, des premiers pionniers de la Nouvelle-Zélande que sont les Maoris venus de Micronésie, aux colons, à l’art contemporain local, jusqu’aux animaux et expéditions de l’antarctique ou d’ailleurs. On y trouve par exemple une météorite qui s’est écrasée en Arizona, il y a de cela plus de 45 000 ans (et que l’on peut toucher), que les chercheurs ont échangé, il y a fort longtemps, contre un squelette et un œuf de Moa. Les Moas sont les cousins néo-zélandais de l’Autruche et du Kiwi, mais ils ont aujourd’hui malheureusement disparus (Ils se sont éteints au 18ème siècle des suites de la chasse intensive perpétrées par les Maoris). Ils faisaient jusqu’à 3 mètres de hauteur (!) et le musée fait la part belle à ces oiseaux curieux du passé. On y trouve également une réplique grandeur nature de la Paua house, cette petite maison du bout du monde au sud du pays, dont les propriétaires, Myrtle et Fred, aujourd’hui décédés, ont fait un petit cabinet de curiosités dont les murs sont recouverts de paua, ce coquillage ovale à l’intérieur nacré, tout cela dans un style Disney et nains de jardins, et qui ont accueilli plus d’un million de personnes tout le long de leur existence, dont un bonne flopée d’autocars de touristes chinois. Le musée d’art contemporain, tout neuf (il a rouvert en décembre 2015) expose également une impressionnante collection d’oeuvres contemporaines et classiques, dont le travail audacieux de nombreux artistes locaux, tels que Julia Morison, ainsi que des installations éphémères ultra originales, telles que Pip and Pop, le monde édulcoré et psychédélique que l’artiste australienne Tanya Schultz a crée en 2015 à partir de 600 kilos de sucre alimentaire, pour la Christchurch Art Gallery.
Les Parcs
Christchurch abrite des jardins botaniques à tomber par terre. Situés au cœurs de la ville, on peux y lire en toute quiétude aux pieds des tilleuls géants, à proximité de rivières d’hortensias, des jardin de roses, et des serres de bégonias, avec pour seule distraction des groupes de canards qui passent de temps en temps en rang d’oignon. On peut aussi s’y balader en gondole sur la rivière, avec à la barre un éphèbe local revêtu d’une panoplie de canotier, ou encore y déjeuner au bord de l’eau dans un restaurant rétro ou sur une nappe de pique-nique. On y trouve aussi des jardins anglais, des serres tropicales, et des serres de fougères géantes. En effet, on voit des palmiers partout en Nouvelle-Zélande, mais en fait ce ne sont pas du tout des palmiers, mais des fougères argentées (silver fern en anglais), et c’est pour ça que la branche de fougère des kapongas, nom de cette espèce de fougère arborescente, est, avec le kiwi, le symbole du pays (et des All Blacks). Un peu plus éloigné du centre, on peut aussi faire une ballade dans la forêt primaire des jardins de Riccarton House, qui est aussi un coin de nature et de rivière très apprécié des locaux.
La rue
Pour ce qui est de la gastronomie, Christchurch abrite une fromagerie hallucinante, Cheesemongers, qui fait des sandwichs divins, et à des prix défiant toute concurrence, avec, oui ma petite dame, de la vraie raclette, et du vrai fromage de chèvre, et tout un panel de fromages exotiques, compte tenue de la partie du globe dans laquelle nous nous situons. La rue espagnole abrite également tout un ensemble de magasins très sympathiques, dont la boutique des cookies de Miss Higgins, qui sont juste les meilleurs cookies du monde. Vous me remercierez après avoir goûté les cookies au caramel et aux pépites de chocolat blanc. Pour le shopping, Re: start City est le nom du centre commercial de Christchurch, reconstruit dans des containers, suite aux tremblements de terre de 2011. D’ailleurs, il y a des containers à la place des bâtiments qui avaient besoin d’êtres rapidement reconstruits un peu partout, ce qui donne son cachet à la ville, ses couleurs, et participe de son dynamisme, alors que tout cela provient d’une blessure douloureuse que l’on tente de cicatriser, jour après jour. En effet, tout n’est pas reconstruit (les deux plus grands buildings de la ville, désaffectés et dégradés, ont été vendus pour un dollar car les travaux de réhabilitation étaient trop coûteux), et on passe devant un certain nombre de bâtiments abandonnés. C’est comme si deux mondes cohabitaient, mais la reconstruction fait disparaître progressivement les vestiges de la catastrophe naturelle. Les murs sont recouverts de graffitis majestueux, et on peut participer à des tours pédestres de la ville, animés par des bénévoles (pourboire de 15$ conseillé) qui vous transmettent leur attachement à Christchurch. Ils vous liront notamment un passage très émouvant du témoignage d’une survivante japonaise au tremblement de terre, qui se trouvait dans une école de langue de l’immeuble dans laquelle le plus grand nombre de victimes ont malheureusement succombées (115 sur les 185 victimes de la catastrophe). Au milieu de la ville se dresse encore les ruines de l’église de Christchurch, qui suscite également la controverse. En effet, le clergé veut la reconstruire car telle est la solution la plus économique, mais la municipalité veut la rénover car c’est la solution la plus esthétique, mais la plus chère, alors que la plupart des habitants souhaitent que l’édifice soit laissé en l’état, tel un symbole pour ne jamais oublier. De tout ce traumatisme, la ville s’est relevée, et est devenue un espace ultra généreux en installations ludiques et artistiques en tout genre, qui agrémentent les rues, telles que ce dance floor avec boule à facette et enceintes géantes au milieu d’un terrain vague, où l’ont peut brancher son portable et danser comme un fou sur sa chanson préférée, pendant que les occupants de l’hôtel de luxe d’en face vous regarde vous ridiculiser, tout cela pour 2 dollars les trente minutes.
Rencontrer des gens
A Christchurch, on peut devenir pote avec le sorcier de la Nouvelle-Zélande (et son disciple, musicien de bluegrass), habillé comme un Merlin l’enchanteur de l’hémisphère sud, et reconnu officiellement (et sur buzzfeed!) par le gouvernement, après avoir été négligé, houspillé, censuré pendant 20 ans. Il adore les selfies, mais sa mission principale est de faire reconnaître la carte du monde avec la Nouvelle-Zélande en haut, au niveau international (En fait, il vient de Londres et s’appelle Jack Chanel, mais c’est une autre histoire…). On peut aussi faire copain-copain avec des backpackers de passage, ou bien avec des sismologues et des géologues européens ou asiatiques, qui sont venus chercher des solutions pour prévenir les séismes (en 2011, il y en avaient tellement tous les jours que des habitants se sont résolus à quitter la ville), avec les coiffeurs qui viennent de Hollande, ou les hébergeurs qui viennent du Brésil. Avant le séisme, il n’y avait aucun étranger, depuis, il n’y a que ça. C’est ce que certains locaux vous disent, mais de manière positive! Ainsi va de l’avant Christchurch, et à la nuit tombée, bières légères, brise un peu fraîche et esprits libres, c’est tout ce que l’on a besoin pour passer une agréable soirée.
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